Le lundi 13 août 2007
É-U: décès d'une pionnière des droits civiques
Agence France-Presse
Washington
Une femme noire qui en 1944 avait refusé de céder sa place à un blanc dans un autocar et dont le geste a contribué à changer l'Histoire, est morte vendredi à l'âge de 90 ans.
Arrêtée, condamnée à une amende de 100 dollars, son cas était remonté jusqu'à la Cour suprême qui, en 1946, avait donné raison à Irene Morgan, devenue depuis Irene Morgan Kirkaldy, nom de son second mari.
Les États ségrégationnistes du sud des États-Unis avaient cependant ignoré le verdict de la Cour suprême et il a fallu attendre le début des années 60 pour que le mouvement des droits civiques, mobilisé pour défendre Rosa Parks, une femme noire qui en 1955 avait également refusé de céder sa place à un blanc dans un bus, parvienne à obtenir la fin de la ségrégation dans tous les États-Unis.
L'incident impliquant Mme Morgan s'était produit en juillet 1944. La jeune femme alors âgée de 27 ans, regagnait son domicile à Baltimore (Maryland, est) après avoir rendu visite à sa mère en Virginie. À cette époque, la ségrégation raciale était encore en vigueur dans cet État voisin de Washington. Mme Morgan avait payé son voyage et trouvé une place assise dans la partie réservée aux Noirs, mais après une demi-heure de trajet, un couple de blancs étaient montés dans le bus et le chauffeur avait demandé à la jeune femme de leur céder sa place. Devant son refus, le chauffeur était reparti en direction d'une prison locale où un shérif avait arrêté sans ménagements la jeune femme noire.
«Quand quelque chose est anormal, c'est anormal. Il faut le corriger», expliquera plus tard Mme Morgan.
En 2000, le comté de Gloucester où l'incident raciste s'est produit avait rendu un hommage officiel à Mme Morgan et en 2001 le président Bill Clinton lui a décerné la Presidential Citizen Medal, une des décorations civiles la plus élevée des États-Unis.