Décès de Kurt Waldheim à l'âge de 88 ans
AP | 14.06.2007 | 18:49
L'ancien secrétaire général de l'ONU Kurt Waldheim, qui fut élu président de l'Autriche malgré le scandale international lié aux révélations sur son passé d'officier dans l'armée de l'Allemagne nazie, est mort jeudi à l'âge de 88 ans.
Waldheim, qui avait été hospitalisé à Vienne fin avril pour une infection, a succombé à une défaillance cardiaque, selon la télévision publique autrichienne. Des membres de sa famille étaient à son chevet lorsqu'il est mort, a précisé la chaîne ORF.
Le bilan de Waldheim à la tête de l'ONU (1972-81) et son mandat à la présidence autrichienne (1986-92) avaient été assombris par les révélations sur son appartenance à une unité de l'armée allemande ayant commis des atrocités dans les Balkans durant la Seconde Guerre mondiale.
Si Waldheim n'a pas été mis personnellement en cause dans des crimes, son refus initial de reconnaître ce passé militaire, puis des affirmations selon lesquelles lui et ses compatriotes autrichiens ne faisaient que leur devoir, ont conduit à sa mise au ban de la communauté internationale et à la décision de Washington de le placer sur une "liste noire" de personnes n'ayant pas le droit de se rendre aux Etats-Unis. Une mesure qui n'a jamais été levée.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appris "avec tristesse" la mort de Kurt Waldheim, notant qu'il avait été en fonction à la tête des Nations unies "à une période cruciale dans l'histoire de l'organisation", a commenté Michèle Montas, porte-parole de l'ONU.
Le président autrichien Heinz Fischer a exprimé dans un communiqué ses "plus sincères condoléances", et le drapeau flottant devant ses bureaux a été mis en berne. "Nous avons perdu un grand Autichien", a déclaré de son côté le vice-chancelier autrichien Wilhelm Molterer.
L'élection de Waldheim à la présidence autrichienne avait terni la réputation de son pays, la plupart des dirigeants étrangers évitant de se rendre à Vienne durant son mandat. Diplomate de carrière, Waldheim a été confronté à de prétendues preuves de son implication personnelle dans des crimes de guerre.
Il a toujours nié avoir commis un quelconque crime, et s'est défendu contre les révélations divulguées par son principal accusateur, le Congrès juif mondial, et par les médias étrangers. En Autriche, ses partisans le considéraient comme la victime innocente d'une campagne de diffamation alors que ses détracteurs n'ont cessé de réclamer sa démission en raison de l'impact de son élection sur l'image du pays.
En février 1988, une commission internationale d'historiens enquêtant sur Waldheim a annoncé n'avoir trouvé aucune preuve qu'il ait lui-même commis des crimes de guerre. Mais elle a également indiqué que son passé était loin d'être irréprochable.
Selon la commission, Waldheim se trouvait dans "la proximité directe d'actes criminels". Il était au courant des atrocités commises par l'armée allemande dans les Balkans et n'a jamais rien fait pour les empêcher ou s'y opposer, précise-t-elle dans un rapport.
Dans ses biographies officielles, Waldheim affirmait initialement qu'il avait été blessé sur le front russe en 1941 et avait regagné l'Autriche pour poursuivre ses études. Sous la pression, il a commencé à changer progressivement cette version, déclarant avoir été transféré dans les Balkans en avril 1942. Son commandant, le général Alexander Loehr, fut plus tard exécuté en Yougoslavie pour crimes de guerre. AP