wiki
L'ancien président indonésien Suharto est mort
dim. janv. 27, 2008 9:29 CST
par Telly Nathalia (Version française: Eric Faye et Guy Kerivel)
DJAKARTA (Reuters) - L'ancien président indonésien Suharto, qui avait dirigé l'archipel d'une main de fer pendant 32 ans, est mort dimanche dans un hôpital de Djakarta à l'âge de 86 ans.
Mardjo Soebiandono, chef de l'équipe médicale qui le soignait depuis plusieurs semaines à l'hôpital Pertamina, a déclaré lors d'une conférence de presse que Suharto avait succombé à 13h10 (06h10 GMT).
La fille aînée de l'ancien dirigeant, Siti Hadijanti Rukmana, des sanglots dans la voix, a remercié lors de cette conférence de presse "tous ceux qui ont prié" pour son père pendant sa maladie.
"Au nom de ce pays, du peuple, du gouvernement et en mon nom propre, je voudrais présenter mes sincères condoléances après la mort de M. Haji Muhammad Suharto et je demande à tout le peuple d'Indonésie de prier pour lui", a déclaré pour sa part le président Susilo Bambang Yudhoyono à la radio.
L'état de Suharto s'était encore détérioré ces dernières heures.
Il avait été hospitalisé le 4 janvier pour une anémie et une tension basse, dues à des problèmes respiratoires, cardiaques et rénaux conjugués.
L'ancien président, accusé de corruption généralisé mais également considéré comme le père du développement économique du pays, avait démissionné en 1998 sous la pression de la rue.
Victime de plusieurs accidents vasculaires après son départ du pouvoir, il a dû à sa santé déclinante d'échapper à des poursuites judiciaires pour corruption.
La famille Suharto et sa "cour" ont été accusées d'avoir détourné des milliards de dollars en cultivant corruption et favoritisme.
Les émeutes de 1998 avaient été provoquées par la crise financière et économique qui frappait alors durement son pays comme toute une partie de l'Asie.
CORRUPTION
Suharto avait bâti son règne sur la stabilité et la croissance économique de l'archipel. Il avait été investi officiellement président en 1967 après avoir habilement ravi les rênes du pouvoir au père de l'indépendance indonésienne, le président Sukarno.
Né en 1921, deuxième fils d'une fratrie de 11 enfants, Suharto a grandi dans le centre de Java. Après avoir été un temps employé de banque, il s'est engagé dans l'armée coloniale néerlandaise à l'âge de 19 ans, comme caporal. Lors de l'occupation japonaise, de 1942 à 1945, il est devenu officier de l'"armée indonésienne", formée par les Japonais, puis a combattu, dans les rangs des rebelles indonésiens, les Néerlandais de retour dans l'archipel au sortir de la guerre.
En 1957, le colonel Suharto prenait le commandement d'une importante division de l'armée de terre, Diponegoro, stationnée dans le centre de Java, et devenait le numéro deux de l'état-major de l'armée de terre en 1961.
Lors du tourbillon politique de 1965, ce général alors pratiquement inconnu a dirigé l'état-major des forces d'élite, mobilisées après l'assassinat de six généraux imputé au parti communiste d'Indonésie, à l'époque le plus puissant au monde après ceux de Chine et d'Union soviétique.
Cet homme, dont l'image la plus communément répandue est celle d'une figure paternaliste et souriante, avait alors dirigé la sanglante répression des milieux communistes, qui se serait soldée par au moins 500.000 morts.
Appuyé par la puissante armée indonésienne, il a rétabli l'unité de l'archipel, et a mené pendant de nombreuses années une politique économique fondée sur le pragmatisme, qui a valu à Djakarta une aide étrangère ininterrompue.
De plus en plus, cependant, celui qui se faisait appeler le "père du développement" a adopté une posture de souverain, si bien qu'aucun contrat d'importance ne pouvait se conclure en Indonésie sans qu'y soit associé quelque membre de sa famille ou l'un de ses collaborateurs.