Le vendredi 04 avr 2008
Rosita Salvador : une vie digne d'une télésérie
Jean-Christophe Laurence
La Presse
Rosita Salvador ne chantera plus Donne-moi ma chance. L'ancienne danseuse et chanteuse de cabaret est morte hier matin à l'hôpital Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe, des suites d'un cancer du foie. Elle avait 75 ans.
«Sa vie fut digne d'une télésérie», résume Robert Thérien, historien de la chanson québécoise. On ne saurait si bien dire. Enfant abandonnée, puis adoptée, Rosita Salvador (de son vrai nom Victoire Bergeron) a connu une existence mouvementée, marquée par un succès relativement court et une longue enfilade de déboires personnels.
C'est comme danseuse de cabaret qu'elle entame sa carrière au début des années 50. Après être passée au chant, elle enregistre son premier 45-tours en 1959. Cinq ans plus tard, elle est propulsée au sommet des palmarès avec la chanson Donne-moi ma chance, version française de Too Late to Worry de Burt Bacharach. Jusqu'à la fin des années 60, elle enfile une poignée de tubes (C'est de ta faute, Mon coeur est en prison), continuant à se produire régulièrement dans le circuit des cabarets et même à la Place des Arts en 1964.
Sa carrière sur disque se poursuit jusqu'en 1977, après quoi Rosita Salvador se tourne vers la peinture, ne remontant sur scène que pour d'occasionnelles soirées rétro. Sa vie privée chaotique, pour ne pas dire malheureuse, lui assure cependant une présence régulière dans les journaux à potins. Équivalent local d'une Dalida, Rosita Salvador revendiquera en effet quatre divorces. Son seul fils, Normand Salva, meurt pour sa part dans un accident de la route au début des années 70
Elle n'avait, malgré tout, pas dit son dernier mot. Le 27 janvier dernier, Rosita Salvador donnait en effet un ultime spectacle au Théâtre du Marché Saint-Martin à Laval, pour célébrer son 75e anniversaire. Plus de 25 artistes s'étaient alors déplacés pour lui rendre hommage. Ce qui fait dire à son ami Roger Sylvain qu'elle «ne fut jamais une ex-chanteuse».