Le Monde
Henri Salvador tire sa révérence à 90 ansPARIS (Reuters) - Henri Salvador, l'un des chanteurs préférés des Français, est mort mercredi à l'âge de 90 ans, a annoncé sa maison de production.
Le guitariste et ancien animateur de télévision a succombé à une rupture d'anévrisme à son domicile à 10h30, a précisé une porte-parole de la maison de disques, Polydor.
Né à Cayenne en 1917, il venait de fêter ses 70 ans de carrière et avait fait ses adieux à la scène lors d'un dernier concert le 21 décembre dernier à Paris, au Palais des Congrès.
Son dernier album, sorti en 2006, s'intitulait "
Révérence".
Guitariste et pianiste de jazz, crooner, humoriste, homme de télévision et producteur, Henri Salvador avait notamment accompagné Django Reinhardt et s'était formé à l'école des grands musiciens noirs américains.
Outre son exceptionnelle longévité, il fut un personnage marquant connu pour son rire inimitable. Ses chansons populaires ("Syracuse", "
Une chanson douce", "
Dans mon île", "
Le travail c'est la santé", "
Zorro est arrivé") sont toujours fredonnées par les Français.
C'est dans de grands éclats de rire qu'il avait fait ses adieux à la scène il y a presque deux mois devant près de 4.000 spectateurs, lors d'un concert placé sous le signe de l'humour.
"C'est un métier que j'adore et je me suis battu pour le faire le plus longtemps possible", confiait-il alors à TF1. "Je n'aime pas du tout la retraite, je vais peut-être m'emmerder."
Henri Salvador était revenu à la "une" en 2000 grâce à son album "
Chambre avec vue", qui lui valut deux Victoires de la Musique et marqua son retour à ses premières passions, le jazz et la bossa nova.
"Je suis issu de l'école du jazz, une école difficile. Toutes mes compositions sont à base de jazz. J'y reviens toujours", expliquait-il.
LE "NAT KING COLE FRANÇAIS"Avec Boris Vian, Henri Salvador avait également introduit le rock en France et composé quelques perles dont "
Rock and roll mops" et "
Le blues du dentiste".
De retour de Guyane, le président Nicolas Sarkozy a dit avoir appris avec une "infinie tristesse" la disparition "de l'un de ses enfants les plus éminents."
"Aux confluents du jazz, de la chanson et de la bossa nova, de l'Europe et de l'Amérique, ami de Boris Vian, de Sacha Distel et de Gilberto Gil, Henri Salvador a incarné avec humour et élégance, pendant plus d'un demi-siècle, l'art de la chanson" à la française", dit le chef de l'Etat dans un communiqué.
Le Premier ministre, François Fillon, souligne l'extraordinaire longévité artistique d'Henri Salvador, "qui force l'admiration et a fait de lui l'un des artistes français les plus célébrés."
"Son rire si caractéristique et sa personnalité solaire manqueront à des générations de Français bercés par sa
Chanson douce", dit-il.
Dans un communiqué, Jacques et Bernadette Chirac pleurent la disparition "d'un ami très cher", un "homme de coeur (...) 'un esprit vif et d'une joie de vivre si communicative".
L'ancien chef de l'Etat salue un "artiste hors pair" qui avait introduit en France "des mélodies nouvelles, son amour du jazz et sa connaissance des musiques du monde".
Christian Estrosi, secrétaire d'Etat chargé de l'Outre-Mer, rappelle qu'Henri Salvador était né à Cayenne, en Guyane, de parents guadeloupéens. Cet "équivalent français de Nat King Cole" était le "parfait exemple de ce que la France peut produire de mieux en matière de synthèse culturelle".
"Cet homme-orchestre a su marier avec bonheur les couleurs, les cultures, les saveurs et inventer un art métissé profondément français", souligne de son côté Jack Lang, ancien ministre de la Culture socialiste.
Pour le maire de Paris, Bertrand Delanoë, "chacun conservera le souvenir de ces éclats de rire explosifs, signature de cet artiste élégant et généreux".
Gérard Bon