Le cinéaste français Francis Girod s'éteint à l'âge de 62 ans
BORDEAUX, France (AP) - Francis Girod est mort. Le réalisateur et scénariste est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à l'âge de 62 ans à Bordeaux, où il tournait un téléfilm sur l'affaire Alègre. Il avait notamment filmé Romy Schneider en "Banquière", Jean-Louis Trintignant en président de la République dans "Le Bon Plaisir" ou, plus récemment, Robinson Stévenin en travesti dans "Mauvais Genres".
En Gironde, depuis le début du mois, Francis Girod avait déjà tourné les deux tiers de "Notable donc coupable" pour France-2. Il est décédé dans son hôtel, apparemment à la suite d'un malaise cardiaque, a-t-on appris auprès de membres de l'équipe du tournage.
Brièvement journaliste à l'ORTF dans les années 1960, Francis Girod avait commencé sa carrière de cinéaste comme assistant de Jean-Pierre Mocky ou de Roger Vadim. Egalement acteur, il est passé à la réalisation en 1974 pour un premier film très remarqué pour sa liberté de ton, "Le Trio infernal", avec Michel Piccoli et Romy Schneider.
Girod fait tourner toutes les vedettes des années 1970: Gérard Depardieu dans "René la Canne" (1975), Claude Brasseur dans "L'Etat sauvage", un film sur la décolonisation, ou encore Romy Schneider dans "La Banquière" (1980). Claude Brasseur, Jean-Claude Brialy et Jean Carmet figuraient également à l'affiche de ce film pour lequel il restera dans les mémoires.
En 1984, il signe "Le Bon Plaisir", où Catherine Deneuve joue l'ancienne maîtresse d'un homme devenu depuis président de la République (Jean-Louis Trintignant).
Son dernier film de cinéma, "Un ami parfait" était sorti dans les salles au mois d'avril dernier. Au côté de Carole Bouquet, Antoine De Caunes incarnait un journaliste frappé d'amnésie.
Très engagé, Girod a aussi beaucoup tourné pour la télévision, notamment des documentaires sur les grands cinéastes. On lui doit aussi le téléfilm "Le Pays des enfants perdus" (2004), qui raconte la souffrance de 200 enfants réunionnais exilés en métropole pour repeupler la Creuse des années soixante.
Le cinéaste a participé à de nombreuses instances professionnelles comme la commission d'avance sur recettes, la société des réalisateurs de films ou encore la cinémathèque française. Il a enseigné pendant dix ans au conservatoire, entre 1983 et 1993.
Francis Girod était officier de la légion d'honneur et de l'ordre national du mérite. Il siégeait à l'Académie des beaux-arts depuis 2002.
L'acteur Charles Berling, qui tient le rôle principal du téléfilm qu'il tournait à Bordeaux, a rendu hommage à un réalisateur "extrêmement curieux", "combatif", "brillant et attachant".
"C'était un épicurien, quelqu'un qui adorait la vie", a-t-il observé sur France-Info.
D'après Jean-François Lepetit, producteur de cette fiction en deux épisodes, le tournage devrait se poursuivre. "Francis avait épousé ce scénario qui s'inspire de l'affaire Alègre et voulait dénoncer le problème de l'injustice et de l'emballement médiatique", explique le producteur et ami de Francis Girod.
"Ce film lui tenait à coeur", se souvient Bernard Montiel, qui y interprète le présentateur du journal télévisé de 20h. "L'oeuvre de Francis Girod n'est jamais tiède. Son dernier combat aura été celui contre la rumeur et la calomnie".