La Presse
dimanche 29 avril 2007
Chronique au pied de la lettre
Rudolph Glanz, alias Ralph Glanz, alias Azed, est mort le samedi 21 avril. Son coeur a lâché, écrit Thérèse, sa blonde, dans un courriel. On ne saura jamais qui était vraiment ce beau poète anglophone, originaire de la côte Ouest canadienne ou des États-Unis, ni quel âge il avait vraiment. Il n'avait pas de permis de conduire, pas de numéro de compte, ni passeport ni rien. Sauf une lettre que l'on a retrouvée dans le sac à dos qu'il traînait toujours avec lui. C'est une lettre de la Bibliothèque nationale lui annonçant en 2004 l'achat de son livre d'artiste Une lettre à personne. Un livre écrit en français et entièrement fait à la main, par lui-même, depuis la reliure jusqu'à l'encre, en passant par le papier et la poésie. Pour lire cette lettre, au centre de conservation de la BN, rue Holt, il faut mettre des gants blancs. À sa mort, Rudolph Glantz avait enfin une identité officielle : il était poète. Et un pays : la Bibliothèque nationale du Québec, ou il se retrouve entouré de ses amis artistes jusqu'à la fin des temps. « The land is within, écrit-il en exergue de tous ses recueils anglais. At the end of the open road, we come to ourselves. »
- Jocelyn Lepage