Tunisie: Décès de Hsouna Gassouma - « Quand il est mort le poète »
La Presse (Tunis)
28 Août 2007
Publié sur le web le 29 Août 2007
Ali Ouertani
« tous ses amis pleuraient», chantait Gilbert Bécaud. Hsouna Gassouma est décédé subitement hier après-midi dans un hôpital de la capitale. Aujourd'hui, tous ses amis le pleurent et le monde de la chanson est orphelin de l'un des siens, un poète qui a su prendre le relais sur Ben Jeddou, Abderrahmen Ammar, Abdelhamid Rabii et tous les grands paroliers qui ont fait l'âge d'or de notre chanson.
Des années 80 à ce jour, rares sont les chanteurs qui n'ont pas interprété ses textes. Amina Fakhet, qui n'a pu s'empêcher de lui rendre une dernière visite à l'hôpital, lui doit son tube Inta Mouradi et El Hayat soôbet alina. Soufia Sadok, qui ne retient plus ses larmes, a obtenu un prix pour Kilma minnak inta composée par Mohamed Salah Harakati. La grande Dhikra Mohamed et Abderrahmen Ayadi (compositeur) ont réussi d'énormes succès avec ce poète à la sensibilité profonde, dont Ila hodhni ommi encore et toujours très demandée par le public.
C'était aussi un homme de coeur, c'est ce que confirme le violoniste talentueux Abdelbasset Metsahel qui reconnaît avoir été pris en main, guidé et orienté par notre poète. Mais Hsouna Gassouma, se souvient Zied Gharsa, était aussi dans la chorale de la Rachidia et savait chanter.
Pour notre part, nous avons connu son côté généreux. Il était artiste jusqu'au bout des ongles et aimait être présent dans les grandes rencontres et dans les compétitions. Le festival de Saliha lui a rendu un hommage très touchant au Kef, il y a trois ans, mais c'est au festival de la chanson tunisienne qu'il a glané de nombreux prix. Le dernier en date, c'était en 2005 avec le compositeur Zouheïr Belhani et la voix de Rihab Seghaïer Jana errabia («Le printemps est arrivé»). Cette année, il a gagné avec Soumaya Hathroubi un deuxième prix pour la production spéciale 2007.
Mais Hsouna Gassouma, disparu au début de l'automne de sa vie, continuera à vivre parmi nous à travers ses textes en arabe littéraire ou en dialectal que chanteront pour longtemps Inchallah des voix comme celles de Dhikra, Amina, Soufia, Rihab, Alya Belaïd, Mohamed Jebali, Chokri Bouzaïène et bien d'autres
Prince des nuées (Baudelaire), le poète Hsouna Gassouma laissera un vide regrettable pour la chanson tunisienne qui aujourd'hui plus que jamais, a besoin de tous ses hommes, de tous ses talents, pour retrouver l'âge d'or. Paix à son âme.