Le Monde
Décès à 83 ans de l'ex-chef du KGB Vladimir Kryoutchkov
25.11.07 | 16h33
Par Guy Falconbridge
MOSCOU (Reuters) - Vladimir Kryoutchkov, limogé de la direction du KGB en 1991 pour sa participation à la tentative de coup d'Etat contre Mikhaïl Gorbatchev, est décédé vendredi à Moscou des suites d'une longue maladie, annoncent les service d'espionnage russes.
Il était âgé de 83 ans.
Ce maître-espion parmi les plus influents des "faucons" de l'appareil de sécurité de l'ère soviétique avait connu une promotion rapide au sein du KGB, l'ancêtre de l'actuel FSB, après avoir été en poste en Hongrie.
Il avait été nommé en 1974 à la tête du premier directorat du KGB - le service de renseignement étranger (espionnage) de l'Union soviétique -, un poste qu'il devait conserver jusqu'en 1988.
En sa qualité de patron des services d'espionnage, il avait été un ardent partisan de l'invasion de l'Afghanistan par l'Armée rouge en 1979 et était considéré comme l'un des "faucons" les plus influents du Kremlin.
En 1988, Gorbatchev l'avait promu à la tête de l'ensemble de l'appareil du KGB, responsable de l'espionnage et du contre-espionnage, avant d'être brutalement révoqué pour son rôle dans le putsch d'août 1991.
CONSEILLLER DE POUTINE?
Avec les autres chefs des conjurés, Kryoutchkov estimait que les réformes mises en oeuvre par "Gorby" menaçaient les fondements mêmes de l'Union soviétique.
Le putsch manqué avait affaibli Gorbatchev et servi les intérêts de son successeur, Boris Eltsine, précipitant ainsi la chute de l'empire soviétique.
Après l'échec du coup d'Etat, le patron du KGB avait été arrêté avec d'autres putschistes et jugé pour haute trahison.
Il était resté pour le reste de sa vie un ennemi irréductible de Gorbatchev et d'Eltsine, qu'il qualifiait de "traîtres" et à qui il imputait la responsabilité de l'effondrement de l'Union soviétique.
Après son départ du KGB, Kryoutchkov passait le plus clair de son temps dans sa datcha des environs de Moscou, se livrant parfois dans des entretiens à la presse à des attaques en règle contre les Etats-Unis.
Des médias russes assurent que le patron déchu du KGB, qui avait le grade de général, prodiguait parfois ses conseils à l'actuel président russe Vladimir Poutine, un ancien lieutenant-colonel du KGB en poste en RDA au moment où Kryoutchkov dirigeait le service.