L'avocat du FLQ, Robert Lemieux, meurt à Sept-Iles à l'âge de 66 ans
La Presse canadienne
QUEBEC - L'avocat Robert Lemieux, rendu célèbre par la crise d'Octobre en 1970, s'est éteint dans la nuit de dimanche à lundi à son domicile de Sept-Iles, sur la Côte-Nord. Il était âgé de 66 ans.
Le corps de l'avocat a été découvert lundi matin gisant sur un sofa, a mentionné l'un de ses proches à La Presse Canadienne.
D'après les premières constations de la Sûreté du Québec, il s'agirait d'une mort naturelle.
Avocat des "felquistes", Me Lemieux a été au centre de l'un des épisodes les plus tumultueux de l'histoire contemporaine du Québec.
Il a défendu une trentaine de membres du Front de libération du Québec devant les tribunaux en plus d'agir à titre de négociateur pour le compte du FLQ à la suite de l'enlèvement de l'attaché commercial britannique James Richard Cross.
Il avait également représenté les membres de la cellule Chénier du FLQ, arrêtés pour l'enlèvement et l'assassinat du ministre du Travail Pierre Laporte.
L'avocat a toujours considéré que la mort de Pierre Laporte avait été accidentelle et non le fait de ses ravisseurs, les frères Paul et Jacques Rose, Francis Simard et Bernard Lortie. Sans la loi des mesures de guerre, le ministre Laporte aurait sans doute été libéré sain et sauf, estimait-il.
"Lorsque la loi des mesures de guerre a été promulguée, Laporte a capoté et le climat est devenu dramatique entre lui et ses ravisseurs", avait-il confié au Journal de Montréal en novembre 2001.
Me Lemieux a été incarcéré à deux reprises pendant les années 1970, la première fois après la promulgation de la loi des mesures de guerre, puis quelques années plus tard pour outrage au tribunal.
A partir de 1974, ses apparitions au Palais de justice de Montréal se sont faites rares. Le Montréalais d'origine vivait depuis plusieurs années sur la Côte-Nord où il a poursuivi sa carrière loin de la controverse et des feux de la rampe.
Se plaisant à s'identifier comme l'avocat des petites gens, Me Lemieux menait à Sept-Iles une existence frugale, sinon précaire, prenant la défense des travailleurs en conflit avec la CSST ou l'assurance emploi.
Il avait également épousé la cause autochtone, militant en faveur de la reconnaissance des langues amérindiennes, au même titre que le français.
Au début des années 2000, Robert Lemieux est sorti de l'ombre pour se porter à la défense des droits des motards incarcérés à la suite de l'opération Printemps 2001, une rafle policière très médiatisée.
A son avis, le chef présumé des Hell's Angels, Maurice Boucher, et ses sbires n'étaient ni plus ni moins que des "prisonniers politiques" puisque leurs droits, faisait-il valoir, avaient été bafoués par le pouvoir politique.
Dans l'une de ses dernières entrevues, en 2001, Me Lemieux se disait toujours "farouchement indépendantiste". Il disait entretenir des relations plus ou moins régulières avec les anciens felquistes Jacques Rose et Jacques Lanctôt.
Ni le gouvernement Charest, ni le Parti québécois ni l'Action démocratique n'ont voulu commenter le décès de Me Lemieux.