Décès de Pierre-Gilles de Gennes, Prix Nobel de physique 1991
Canadian Press
Wednesday, May 23, 2007
PARIS (AP) - Pierre-Gilles de Gennes, lauréat français du Prix Nobel de physique en 1991, s'est éteint l'âge de 74 ans, selon son entourage. Passionné par la science et son enseignement aux jeunes, ce vulgarisateur acharné, toujours soucieux des applications pratiques de la recherche, est décédé vendredi Orsay, sa ville d'adoption française ou un terrain de jeux avait été baptisé son nom en novembre dernier.
Lauréat du même Nobel de physique un an après lui, Georges Charpak s'est souvenu de ses « magnifiques exposés de vulgarisation ». Le président français, Nicolas Sarkozy, a rendu hommage « à son talent et son immense intelligence », et le premier ministre François Fillon a salué « sa personnalité généreuse ».
Pour se faire comprendre, ce membre de l'Académie des sciences n'hésitait pas par exemple comparer les polymères fondus à « un plat de nouilles enchevètrées ». Les polymères, ces longues molécules utilisées pour fabriquer les matières plastiques, étaient en effet l'un de ses domaines de recherche, à côté des matériaux supraconducteurs et des cristaux liquides.
Ce dernier thème lui aura d'ailleurs servi de leçon. Son équipe de recherches la faculté d'Orsay a réalisé de grandes avancées sur les cristaux liquides la jonction des années 1960-1970, sans se soucier de breveter ses découvertes. Ce dont Pierre-Gilles de Gennes s'est mordu les doigts plus tard, lorsque cette technologie s'est avérée rentable et que la recherche a commencé connaître des difficultés de financement.
Professeur au Collège de France, la chaire de physique de la matière condensée, il gardait donc toujours présent l'esprit les applications pratiques que pouvaient avoir les recherches.
Pierre-Gilles de Gennes était issu d'une famille de médecins - trois générations, dont son père, un célèbre endocrinologue. Né en 1932 Paris, il a passé toute son enfance à la campagne pour des raisons de santé. Instruit par sa mère, il ne fréquentera l'école qu'à partir de la classe de 5ème.
Au début des années 1950, il effectue un stage au laboratoire de biologie marine de Banyuls-sur-Mer et participe à « l'école d'été » de la physicienne Cécile De Witt, aux Houches, au pied du mont Blanc. Il en garde un goût pour la convivialité.
Agrégé de physique, il devient en 1955 ingénieur au Commissariat l'énergie atomique. Il effectue un stage l'université américaine de Berkeley, puis son service militaire. En 1961, il commence enseigner la nouvelle faculté des sciences d'Orsay. Dix ans plus tard, il entre au Collège de France. Et il dirige de 1976 2002 l'Ecole supérieure de physique et chimie industrielles de la Ville de Paris.
Elu l'Académie des sciences en 1979, il reçoit deux ans plus tard la médaille d'or du CNRS. Lors de cette remise, ce scientifique qui n'avait pas la langue dans sa poche avait prononcé un discours contre le dogmatisme des études supérieures françaises.
© La Presse Canadienne 2007